Bouclier antimissile US: les Russes doivent faire des efforts
(Gates):
AFP 17.03.08 | 03h35. La Russie doit faire un effort vis-à-vis
des Etats-Unis pour trouver un accord autour du projet américain
de bouclier antimissile, auquel Moscou est farouchement opposé,
a déclaré dimanche le secrétaire américain à la Défense Robert
Gates. "Nous avons mis beaucoup sur la table, mais le temps
est venu pour eux de faire de même", a-t-il indiqué aux journalistes
à bord de l'avion l'emmenant à Moscou, pour une visite de deux
jours lundi et mardi avec la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice.
"Nous avons travaillé dur pour répondre aux inquiétudes des
Russes et pour les convaincre que le système de défense antimissile
n'était pas dirigé contre eux", a insisté M. Gates. "Mme Rice
et moi-même espérons faciliter les choses en venant à Moscou,
plutôt que de faire venir nos homologues à Washington". Ils
seront les premiers responsables américains à se rendre en Russie
depuis l'élection du nouveau président russe Dmitri Medvedev,
dauphin de Vladimir Poutine, et rencontreront les deux hommes
lundi, avant une réunion à quatre et leurs homologues russes.
Les Etats-Unis négocient depuis plusieurs mois pour déployer
un puissant radar en République tchèque et un site de lancement
de missiles en Pologne voisine, dans le but officiel de répondre
à une éventuelle attaque de pays "voyous" comme l'Iran. Mais
la Russie est opposée à l'extension du bouclier antimissile
américain dans son ancienne zone d'influence et voit le projet
comme une menace pour ses intérêts vitaux. "Je ne sais pas si
les Russes sont sincèrement préoccupés" par le projet de bouclier
antimissile américain, "ou si la position russe (...) vise simplement
à ralentir tout le processus", a commenté M. Gates "Nous avons
eu des informations selon lesquelles le président Poutine avait
trouvé nos propositions intéressantes et séduisantes mais (les
Russes) ont le sentiment que nous avons reculé", a-t-il ajouté.
"Nous comptons expliquer nos propositions et leur assurer que
nous n'avons pas fait machine arrière", mais "nous n'avons pas
de nouvelle proposition", a-t-il souligné. "Nous pensons que
des progrès sont possibles" mais "je ne serais pas encore trop
enthousiaste". Mme Rice et M. Gates ont avancé en octobre des
propositions destinées à amadouer Moscou. Washington a notamment
proposé de "retarder" la mise en service des sites jusqu'à une
preuve définitive de la menace iranienne, en l'occurence si
Téhéran menait des tests de lancement de missiles. La présence
d'inspecteurs russes serait en outre autorisée sur ces sites
en République tchèque et en Pologne. Mais "il y a des sensibilités
nationales importantes en Pologne et en République tchèque"
et "nous n'allons rien conclure à Moscou impliquant ces pays
sans leur accord", a fait valoir M. Gates, en rappelant que
la présence d'inspecteurs russes sur les sites était "conditionnée
à la réciprocité et à une présence très militée". Par ailleurs
concernant l'Afghanistan, "les Russes se sont dits prêts à aider",
en offrant notamment un accès aérien via leur territoire. Mais
selon M. Gates, cette question pourrait être abordée dans le
cadre du Conseil Russie-Otan. Les responsables américains, représentant
une administration qui vit aussi ses derniers mois, devraient
également parler avec leurs homologues russes de l'avenir du
Traité de réduction des armes stratégiques (Start) avant son
expiration fin 2009, et de la lutte contre la prolifération
et le terrorisme. "Il reste dix mois à l'administration Bush"
et "nous souhaitons voir quelles avancées nous pouvons consolider
parmi les sujets d'intérêt commun afin d'offrir une base sur
laquelle la prochaine administration pourra construire", a conclu
M. Gates.
Source: Le
Monde du 17 mars 2008.
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